18 avril 2024
Cette petite halte au bar. Me voilà arrivé à Pierre, la capitale du Dakota du sud. Cela fait maintenant seize jours que j’ai laissé la voiture à Régina, dans le Saskatchewan Canadien, pour la marche à pied et le stop.
Que d’épreuves personnelles. On est tellement bien dans son monde, dans sa caisse, assis comme sur son canapé. On a un avis sur tout… mais le cul au chaud.
Voilà quasiment 950 kilomètres parcourus, la frontière, le Dakota du Nord puis du Sud, le long du Missouri. L’égo qui n’ose pas demander de l’aide, qui a peur. De quoi ? Je ne sais pas… mais cet égo a dû prendre sur lui pour oser lever le pouce.
Timidement, puis de manière un peu plus assurée.
Avec toutes les exigences évidement : je voulais un conducteur qui soit cool, qui parle français, qui soit rigolo … bref, des demandes trop simples. Évidement. Il m’a fallu revenir aussi sur ça, accepter l’aide de n’importe qui… même pour cinq miles.
Aucun de ces conducteurs, n’aurait fait partie de ma liste d’amis actuels… oui, ils ne sont pas ceux vers qui j’aurais posé mon attention ces derniers temps. Et pourtant, ce sont eux qui m’ont permis d’avancer sur mon voyage : un riche retraité qui fait du golf à 3 ou 4 heures de chez lui, une infirmière qui passe sa vie dans sa voiture qu’on dirait, le « farmer » qui a une « moyenne exploitation » de 10000 hectares, les deux frères qui se disent fils ou petits fils de Sitting Bull (je n'ai pas bien compris leur dialectes), les deux copains pécheurs dans le Missouri, le conducteur de truck qui me rappelle les livres de Serge Bouchard (je ne pensais pas qu’ils prenaient des auto-stoppeurs), le shérif (à mi-temps et instit’ l’autre mi-temps) qui me permet de faire 20 km (la veille une shérif a failli me permettre d’en faire 100), et le clou, pour moi, de gauche et antimilitariste, le type avec son pickup, sa casquette NRA (National Rifle Association of America – lobby des armes à feux US) et son flingue sur l’accoudoir près du levier de vitesse… et lui, il a même fait demi-tour pour me prendre en stop ! Il m’aurait presque fait opter pour ses idées politiques en remerciement 😅 . Il était certainement trumpiste comme 65 % des votants ici. Mais qui ne le serait pas en vivant ici ? Avec leurs histoires coloniales et d’exploitations, loin de tout, donc près de leurs seuls intérêts personnels ?
Tous ces gens-là m’ont permis de faire mon voyage.
Et avec ces brefs échanges pendant le stop, je m’améliore en anglais, mais je ne maîtrise pas encore l’accent du Midwest pour me faire comprendre. Merci Google et la 4g de m’aider.
Bref, me voilà à Pierre, depuis deux jours. J’ai opté pour une pause physique, pour prendre soin de ma jambe un peu surprise de tout ce sport de ces derniers jours, et une pause météo, l’orage vient d’arriver avec ses rafales de vent et de pluie… autant rester au chaud sous la tente et dans le duvet aujourd’hui.
La pluie passée, je me suis permis une petite visite de cette capitale d’État. Avant de reprendre la route vers le Wyoming demain. En France, nous trouvons facilement bar et bistrots, surtout proche des centres villes… mais là, 12000 habitants, et pour trouver un lieu où se poser un peu proche du Capitole d’État, ben ce n’est pas facile. Il y a les grandes chaines de fast food de l’autre côté du boulevard et de la voie ferrée, mais au centre… le seul ouvre à 16h. Le temps de découvrir – comment on dit pour « l’inverse d’unité architecturale » - les architectures urbaines US.
Enfin, l’heure de l’ouverture de ce bar, fauteuils, fléchettes, billards, une télé branchée sur « The big bang theory », les autres sur la ligue de football américain puis sur le NBA, un bar à cocktails avec les marques qui paraissent Craft en France mais qui sont présentent ici aussi… ça donne l’envie d’un cocktail, mais au Captain Morgan ou Grey Goose, non merci. L’option bière brune brassée au Michigan fera l’affaire. Ça fait longtemps que je n’en ai pas pris, ça fait longtemps que l’alcool ne m’a pas appelé… mais ce soir, oui, une bière pour profiter de cet instant. Une 33cl à 12°, puis deux… je n’étais plus habitué.
Puis un papi arrive, une attelle à la jambe, qui vient se présenter… je bafouille deux mots pour lui dire mon aventure ici et depuis les dernières semaines, lui dire que je continue en stop demain vers l’ouest… rien de plus. Mais simplement l’occasion pour lui de m’offrir une troisième bière, ça commence à taper… dans le cerveau, mais aussi sur ce clavier pour ces mots.
Merci à toi qui m’accompagne, merci à toi qui me permet ce voyage… je ne sais pas encore jusqu’où ni pourquoi… mais ton humanité est si belle.
Merci !
Baptiste FRANÇOIS - Article inédit rédigé durant mon voyage outre Atlantique. Vous souhaitez me soutenir ? Commandez mon livre “Esprit Sublime” ici, chez votre libraire ou sur Amazon.
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