Voici une mise à jour de l’analyse de la création des distilleries et des marques de spiritueux. Cet article prolonge l’analyse réalisée jusqu’au 1er semestre 2022 que vous pouvez retrouver ici. Cette analyse sera complétée de vos remarques et questions, que vous pouvez nous adressez ici.
- Les données sont issues de :
- La base SIRENE - donc l’ensemble des entreprises immatriculées en France dont l’activité principale est le code APE 1101Z : Fabrication d’alcool distillé
- Elle ne prend pas en compte les activités annexes de distillation de domaines viticoles, brasseries, ou autres …
- Elle comprend donc des distilleries (qui ont des alambics, font leur propres distillations de fruits ou plantes fermentés, ou des repasses d’alcool éthylique d’origine agricoles) et des marques de spiritueux qui créent des liqueurs (dont arrangés à base de rhum).
- Nous cherchons d’autres bases de données à exploiter… si vous avez des idées 😊 laissez nous un commentaire en bas de l’article
- L’ensemble des données ci-dessous et analyses peuvent être ré-exploitées librement à la seule condition de citer “Données et analyses issus du Centre de formation à la distillation : centre-formation-distillerie.com”
A) Notre analyse des ouvertures d’établissements 1101.Z
- L’année 2022 a connu une poursuite du nombre de création d’établissements, 173 contre 163 en 2021 et 111 en 2020.
- Sur l’ensemble de l’année 2023, il y a eu seulement 143 établissement de créés, soit 17% de moins que sur 2022 !
- Les trois statuts principaux des établissements 11.01Z sont SAS (pour près de la moitié en 2022) puis Entrepreneurs individuels (30%) puis SARL (20%).
- Le top des régions créatives
- Les cinq régions qui ont connus le plus de créations en 2021 sont :
- Auvergne Rhône Alpes = 27
- Nouvelle Aquitaine = 24
- Île de France = 20
- Bretagne / PACA = 14 chacune
- Les cinq régions qui ont connus le plus de créations en 2022 sont :
- Auvergne Rhône Alpes / Occitane = 22 chacune
- Grand Est = 19
- Île de France = 15
- Guadeloupe / Nouvelle Aquitaine = 12 chacune
- Même si la filière des spiritueux se vente d’être lié au monde agricole… depuis 2005 aucune structure agricole n’a été créée pour porter une marque de spiritueux ou distillerie du code APE 1101.Z
- Le secteur des spiritueux est forcément basé sur des approvisionnements agricoles. Cependant, depuis 2005, plus aucune création d’établissement ne se fait sous statut juridique agricole.
- Il reste des entreprises agricoles qui distillent, mais nous pouvons constater que ce n’est pas le lien à l’activité agricole qui définie juridiquement les établissement de distillation mais plus l’acte de transformation artisanale ou industrielle, ou le commerce.
- Les questions que cela nous pose, et vos commentaires :
- Quelle proportion d’alambics sont encore détenus par des sociétés agricoles ? Car il y a des viticulteurs et cidriculteurs par exemple, qui ne sont pas en APE distillation, mais qui ont des alambics.
- Comment s’approvisionnent les entreprises 1101.Z ? Les entreprises peuvent ne pas produire leurs matières premières, mais l’importent-elles ou est-ce des partenaires locaux ?
Auvergne Rhône Alpes, Nouvelle Aquitaine et Ile-De-France restent les trois régions les plus dynamiques en créations. Pour rappel, dans ce code APE, il y a des distilleries, mais aussi des marques de spiritueux (siège social à Paris par exemple ou en Spirit Valley Charentaise.
Les questions que l’on peut se poser, et vos commentaires :
- Noterait-on une dynamique différente entre les distilleries (qui distillent avec un alambic) et les entreprises qui commercialisent (liquoristeries, rhums arrangés, embouteilleurs, …) ?
- Ces statistiques ne montrent pas les personnes à l’origine de cette dynamiques de créations : Qui porte la dynamique de création d’établissement ? Des entrepreneurs individuels, des collectifs, ou des sociétés ?
- Est-ce que l’essoufflement des créations de début 2023 va se poursuivre sur l’année pour revenir à un nombre d’ouverture comme en 2019/2020 soit environ 110 ?
B) Notre analyse des fermetures d’établissements 1101.Z
- Après un pic en 2019, il y a eu sur 2020/2022 une hausse progressive des fermetures à 32, 42 puis 46 fermetures en 2022 (soit 26 % par rapport aux ouvertures)… En 2023, nous avons vu la fermeture de 88 établissements 1101.Z soit + 91% de fermetures d’établissements !
- Au delà du nombre, c’est aussi le “rajeunissement” de la durée de vie de ces établissements qui est perturbant. Couramment, on dit que les entreprises connaissent des crises à 3,5 et 7 ans… et souvent il s’agit de fermetures (pour des questions économiques, personnelles…). En seulement 10 mois de données en plus, on constate une hausse de 23% des fermetures à moins de 3 ans !
Les questions que l’on peut se poser, et vos commentaires :
- Il y a de nombreuses fermetures à 3 ans et moins, quelles en sont les causes ?
- Est-ce que la proportion d’entreprises qui ferment est la même que dans les autres secteurs d’activité ?
- En 2019, il y a eu un pic de fermeture d’entreprises sous statut d’Entrepreneurs Individuels (dont 32 seulement en Nouvelle Aquitaine !)… On va creuser la raison, mais nous sommes preneurs de votre avis 🙂
C) Des Installations classées pour la Protection de l’Environnement
Les distilleries sont soumises à deux réglementations au titre des ICPE, notamment liées à la capacité de production (taille totale des alambics et volume de production journalière) et à la capacité de stockage d’alcool.
Sur les ICPE liées à la capacité de production, il existe trois régimes, la Déclaration, l’Enregistrement et l’Autorisation … selon le risque du plus faible au plus fort.
Voici une analyse de données issues du site INERIS : le nombre de contrôle annuel par famille de risque pour les distilleries (par date de dernier contrôle - donc une unité contrôlée en 2010 et 2022 ne sera comptée que pour 2022).
Nous voyons qu’il y a 605 établissements référencés ici au maximum dans le listing. Les 175 en Autorisation, 330 en Enregistrement sont des valeurs sûres. Par contre, il n’y a seulement que 100 établissements en Déclaration, alors que le seuil de Déclaration est très bas. Il s’agit donc de données partielles pour le référencements (mais pas partielles pour le contrôle) - d’autant plus que nous savons que certains établissements ayant fait leurs déclarations, ne sont pas référencés dans le listing.
En 20 ans, 44.6 % des Distilleries en Autorisations ont été contrôlés, contre 26.7 % des Distilleries en Enregistrement, ce qui est normal car elles sont plus soumises à des risques.
D) Les éléments non mis à jours au 10/05/2023
Vous pensez qu'il manque des données, et des références dans les analyses ? Vous souhaitez nous faire un commentaire de votre point de vue ? Dites le nous ci-dessous.
Merci.
Baptiste FRANCOIS